Dans un monde où les stéréotypes assignent encore certains métiers à des genres spécifiques, Claudia Senghor, co-fondatrice de MANSSAH et pionnière de l’agrobusiness moderne, se dresse en figure emblématique de la transformation. Avec son approche audacieuse et sa vision ancrée dans la durabilité, elle brise les tabous, redéfinit les frontières du possible et incarne un nouveau souffle pour l’agriculture africaine.
L’héritage et l’éveil : racines de l’engagement
Claudia est née et a grandi à Dakar, au Sénégal, dans un environnement où l’agriculture était rarement perçue comme une voie d’avenir, encore moins pour une femme moderne et citadine. Mais ce contexte n’a fait que renforcer son désir de bousculer les conventions. Jeune élève brillante, elle excelle dans les sciences et obtient un baccalauréat scientifique au prestigieux Cours Sainte Marie de Hann.
Ce diplôme marque le début d’un parcours académique exceptionnel qui la mènera à Montréal, au Canada de 2016 à 2020, où elle intègre un cycle de formation de quatre ans en agroéconomie à l’université de Laval et décroche également une certification en développement durable. C’est durant ces années d’études et ses expériences professionnelles au Canada qu’elle découvre les vastes possibilités offertes par l’agriculture, non seulement comme moyen de subsistance, mais comme catalyseur de transformation économique et sociale.
Comme certains de ses camarades, elle trouve un premier stage dans une ferme agricole. L’objectif pour elle est d’apprendre de manière plus pratique, les enseignements dispensés en amphi. Malheureusement, cette première expérience va s’avérer plus difficile qu’elle ne le pensait. Malgré tout, elle y ressort nanti de connaissances et de pratiques. Entre fin 2018 et début 2019, alors qu’elle poursuit toujours son cursus académique, elle décide de se lancer à la recherche d’une nouvelle perspective différente de stage afin d’élargir son champ d’action.
La recherche s’avère ardue et longue mais heureusement, elle réussit à se faire accepter par un cabinet de consultation agricole du nom d’Agronova Consultants. Contrairement au premier stage en ferme, celui-ci consolide son engagement envers l’agriculture et lui permet de lancer sa carrière professionnelle. De Juin 2019 à Mars 2020, elle sera adjointe à la planification et va bénéficier du coaching du directeur général du cabinet, Benoît Girard. Elle va également se déployer sur le terrain, rencontrant les clients et collaborant de manière étroite avec les entrepreneurs et les agriculteurs.
Elle réalise ainsi des performances appréciables qui finissent par attirer l’attention du directeur général qui va lui proposer à la fin de son stage, un rôle à temps partiel au sein du cabinet. A la fin de ses études, cette opportunité se transforme en une embauche permanente. Elle devient ainsi dès Août 2020, analyste en planification et en recherche & développement. Ladite expérience va enrichir son background et lui donner l’envie et l’idée de créer Agrobabe.
Du Canada à l’Afrique : un retour aux sources avec une mission
Alors qu’elle bénéficie d’une carrière très prometteuse au Canada, elle fait le choix audacieux de rentrer au Sénégal. Son objectif est clair : appliquer ses connaissances pour répondre aux besoins spécifiques du continent africain. Pour elle, l’agriculture représente une opportunité unique d’autonomisation des jeunes et des femmes en particulier, souvent exclus des sphères économiques traditionnelles.
S’inspirant de l’environnement Canadien où de nombreux projets florissent, créant une dynamique positive dans le secteur agricole, elle observe un paradoxe frappant : l’Afrique, avec ses 65 % des terres arables non cultivées, l’abondance de ressources comme l’ensoleillement toute l’année et l’accès à l’eau, reste dépendante des importations alimentaires et peine à motiver sa jeunesse à investir dans ce secteur stratégique.
Elle se décide alors de changer le narratif de l’agriculture en devenant une voix qui sensibilise et propose des solutions concrètes et réelles. En utilisant les outils de communication modernes, notamment les réseaux sociaux, elle se fixe un plan d’actions : créer un cabinet de conseil, rédiger un livre et enfin, servir de catalyseur de réussite des projets agricoles et agroalimentaires en insistant sur un aspect souvent négligé, le marketing.
La naissance d’un mouvement : Agrobabe
En 2021, elle lance Agrobabe, une plateforme éducative, mieux, un cabinet de conseil qui vise à démystifier l’agriculture et à attirer les jeunes vers ce domaine. Avec un style unique, Claudia adopte une approche délibérément féminine et moderne. Ses publications sur Instagram, TikTok et Facebook mêlent contenu informatif et inspiration, montrant qu’il est possible d’être à la fois élégante et engagée dans une activité perçue comme rudimentaire.
Agrobabe est bien plus qu’une marque ; c’est une mission. Elle y partage des informations pratiques sur la planification agricole, les opportunités d’investissement et les tendances du secteur. Son objectif est de rendre l’agriculture accessible, attractive et rentable pour une nouvelle génération d’Africains. Dans la foulée de cette dynamique, elle publie son e-book “Planifier et réussir son projet agricole : De l’idée au premier client”. C’est un succès total car elle outille concrètement ses lecteurs pour transformer leurs ambitions agricoles en succès.
Ce guide pratique couvre tous les aspects nécessaires à la réussite dans l’agriculture, de l’identification des opportunités de marché à la mise en œuvre de stratégies commerciales. Claudia Senghor coche ainsi deux des trois cases de son plan d’actions. Mais seulement, il y a un manque . C’est une chose de donner les armes aux uns et autres pour pouvoir s’en sortir, mais c’est une autre de pouvoir les utiliser efficacement, surtout que tout le monde ne possède pas le même esprit de compréhension et d’application des méthodes.
Elle va donc initier via sa plateforme, des formations pratiques + accompagnement, destinés aux jeunes entrepreneurs agricoles. De la planification à la sensibilisation sur l’importance de la construction d’un modèle durable, elle insiste sur la nécessité de maîtriser les fondamentaux avant de se lancer : “L’eau, la terre, le marché. Voilà les piliers sur lesquels tout projet agricole doit se reposer”, martelle-t-elle. A l’arrivée, en plus de trois ans d’existence, Agrobabe c’est plus de 160 mille abonnés sur les plateformes digitales, plus de 1000 personnes formées à travers ses livres, plus de 500 personnes formés en ligne et plus de 30 projets accompagnés et réussis.
Co-fondatrice de MANSSAH
Fort de tous ces succès, elle co-fonde en 2023, MANSSAH, un mouvement panafricain dédié au renouveau intellectuel et culturel du continent. Avec des figures de proue comme Jules Domche, Me Fadimatou Sidibe, Éric Opou, Cheick Travaly, Alain Kahasha, Gilles Atayi, Dr Roger Moyou Mogo, Madina Dansoko, Serge Armel Njidjou, Dr Elie Nkamgueu, Noé Moïse Kossonou, Guy Robert Lukama et Sébastien Faye, elle s’engage à réexaminer les paradigmes imposés par l’histoire et de construire une Afrique fidèle à sa réalité. Elle y est d’ailleurs membre des commissions ressources naturelles, éducation, culture & valeurs.
Par ailleurs, depuis janvier 2023, elle est la co-fondatrice de l’agence Blooming, première agence de marketing et de branding exclusivement agricole. Ladite agence se positionne comme étant un partenaire exclusif de branding des agriculteurs-agroalimentaires. De là, il est bien clair, qu’elle a réussi à mettre en œuvre son plan d’action qui reposait sur trois points : créer un cabinet de conseil, rédiger un livre et accompagner les projets agricoles & agroalimentaires en insistant sur le marketing.