Sandra Kassab, une femme de chiffres, de terrain, et surtout de vision à la tête de la direction Afrique de l’Agence Française de Développement

Il existe des trajectoires professionnelles qui ne suivent pas une ligne droite, mais dessinent plutôt des arcs ambitieux, reliant des continents, des défis complexes et des ambitions humanistes. Celle de Sandra Kassab en est un parfait exemple. Depuis quelques heures, après vingt ans passées au sein de l’Agence Française de Développement (AFD), cette figure discrète mais incontournable du développement international prend les rênes de la direction Afrique de l’institution. À ce poste stratégique, elle succède à Christian Yoka, désormais ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public du Congo.

Sandra Kassab ainsi hérite de la gestion de la principale division géographique de l’AFD, qui revendique un portefeuille global de 3281,6 milliards de FCFA, soit près de 40% de l’activité totale de l’agence, et des financements approuvés à hauteur de 2219,3 milliards de FCFA en 2023. Mais son ascension n’a rien d’un hasard : elle est le fruit de deux décennies d’engagement, de leadership et d’une expertise forgée dans les arcanes des institutions financières internationales les plus prestigieuses.

Les fondations d’une carrière internationale

Sa carrière s’apparente à une immersion dans les défis cruciaux du développement à l’échelle mondiale. Diplômée de la Sorbonne où elle a obtenu un magistère de relations internationales, option sciences politiques et relations internationales, mais aussi, un DEA en droit international public option droit international et études juridiques internationales, elle a été pendant quelques mois (année 2004) contractuelle au sein de la direction générale française du trésor avant de véritablement démarrer son histoire professionnelle en 2005 au sein de la Banque Africaine de Développement (BAD).

Elle y sera chargée de mission junior pendant quelques mois et travaillera au département finance. Dès ses premières années, elle s’attaque à des problématiques complexes, notamment à travers sa participation à l’outil de financement des pays post-conflit, un mécanisme destiné à soutenir la reconstruction et la stabilisation de pays en situation critique, tels que la Côte d’Ivoire et la République Centrafricaine.

Forte de cette première expérience marquante, elle rejoint en décembre 2005 la Banque Mondiale. Là encore, elle se distingue par son implication dans des dossiers épineux, notamment en jouant un rôle clé dans l’élaboration de la nouvelle stratégie d’intervention de l’institution en Haïti. Dans ce pays marqué par une histoire tumultueuse, elle contribue également à la mise en place d’un plan de communication innovant, traduisant sa capacité à allier analyse stratégique et sensibilité aux réalités locales.

Son entrée à l’AFD

En mai 2006, Sandra quitte les institutions de Bretton Woods pour rejoindre l’Agence Française de Développement, un acteur majeur du financement des projets de développement à travers le monde. Dès ses débuts, elle s’illustre par sa polyvalence et sa capacité à naviguer avec aisance dans des environnements multiculturels et multisectoriels. D’ailleurs ces qualités vont rapidement encourager sa hiérarchie à lui accorder plus de confiance. Ainsi, elle est nommée (entre juin 2006 et 2008) chargée de projets au sein de l’agence AFD de République Centrafricaine. Dans ce pays confronté à d’importants défis structurels, elle supervise des secteurs stratégiques tels que :

  • La santé, où elle soutient des initiatives visant à améliorer l’accès aux soins primaires.
  • La gestion durable des forêts, essentiel pour préserver un écosystème fragile.
  • Les infrastructures, à travers des projets liés au développement urbain, à l’accès à l’eau et à l’énergie.
  • Le suivi macroéconomique, en apportant son expertise dans l’analyse des indicateurs-clés de performance économique du pays.

Cette expérience de terrain, où elle conjugue rigueur technique et engagement sur le terrain, pose les jalons de son ascension au sein de l’AFD. En août 2008, elle est nommée chargée de mission au Département des Ressources Humaines de l’AFD à Paris, où elle se consacre au recrutement des jeunes talents, notamment les volontaires internationaux et les stagiaires, ainsi qu’à la gestion du portefeuille intérimaire. Son rôle dans l’identification et la formation des jeunes professionnels reflète son engagement envers la transmission des savoirs et le renforcement des capacités.

Mais son expertise technique reste son atout principal. En septembre 2010, elle devient coordonnatrice régionale de l’AFD, chargée du suivi des portefeuilles au Sénégal et au Cap-Vert. Cette période marque le début d’un rôle de gestionnaire à grande échelle, où elle jongle avec des projets variés et des enjeux complexes.

Entre 2014 et 2018, elle est chargée de mission senior en Égypte, où elle pilote des programmes dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, la banque et la finance. Sa vision innovante et son pragmatisme lui permettent d’apporter des solutions adaptées aux besoins locaux tout en respectant les objectifs globaux de l’AFD.

Une dimension internationale affirmée

En 2018, Sandra Kassab franchit une nouvelle étape en devenant directrice de l’agence AFD en République Dominicaine. En poste jusqu’en 2022, elle marque de son empreinte les projets de développement dans ce pays d’Amérique latine et renforce les relations bilatérales entre la France et la République Dominicaine.

En 2022, elle est nommée directrice adjointe du Département Orients, où elle supervise des projets d’envergure dans une région géopolitique complexe, avant d’être propulsée à la tête de la direction Afrique comme c’est le cas depuis quelques heures. Désormais, elle porte la responsabilité de piloter une activité représentant près de 40 % du portefeuille global de l’agence.

Son rôle ne se limite pas à la gestion technique des projets. Elle devra également : mettre l’accent sur le développement durable, en veillant à ce que chaque projet contribue à la résilience des communautés locales face aux défis climatiques et sociaux ; renforcer les partenariats stratégiques avec les pays africains, en intégrant les priorités locales dans les stratégies globales ; accélérer les investissements dans des secteurs cruciaux, tels que la transition énergétique, les infrastructures, l’éducation et la santé.

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